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Stress et apprentissages

Dernière mise à jour : 19 sept. 2023

Ou comment le stress peut freiner voire bloquer les apprentissages


Stress et apprentissages
Stress et apprentissages

Toutes et tous, adultes comme enfants, avons connu, connaissons ou connaitrons des épisodes plus ou moins longs de stress, d'anxiété. Ainsi va la vie et c'est tout à fait naturel, puisque tous les jours nous nous adaptons, nous répondons avec plus ou moins de facilité à notre environnement que ce soit à la maison, à l'extérieur , par rapport à la société et son contexte, à l'école ou encore au travail.

L'enfance est une période de découverte, d'apprentissages et de croissance. Cependant, elle peut également être synonyme de stress, même pour les plus jeunes.


Dans cet article, je vous propose d'explorer les défis spécifiques auxquels sont confrontés vos enfants en matière de stress, de partager des conseils et clés pour les aider à "gérer" leur stress au quotidien.


Comprendre le stress


Avant de pouvoir aider nos enfants à diminuer l'impact du stress, il est essentiel de comprendre ce qu'est le stress. Toute information externe nous provenant par nos sens, ce que nous voyons, entendons, touchons, etc., provoque un stress, c'est à dire une adaptation du corps afin d'avoir un réponse adaptée : manque de temps, voiture en panne, la pluie, le beau temps, les devoirs des enfants, etc... et pour les enfants : l'école, les devoirs à faire, les activités sportives, les parents, le petit frère, une dispute avec sa best friend, etc...

Les informations saisies peuvent également provenir de l'intérieur, de notre corps (douleur, maladie, sensations agréables ou non, de notre mental (nos pensées, notre imagination, nos idées, nos envies...).


Le stress apparait, disparait, se transmet, se communique, il boost, il fatigue, s'installe provisoirement ou chroniquement, il est parfois difficile à cerner. Les parents stressent leurs enfants avec leurs devoirs, les enfants stressent leurs parents et leurs enseignants avec leurs comportements, l'école stresse les enfants ET les parents avec les résultats, tout le monde finit par stresser tout le monde, c'est sans fin ? Non, c'est parfois difficile mais pas impossible.


Définition du stress. Est-il si mauvais?


Le stress (mot anglais également dérivé de l'ancien français) du latin "stringere" qui signifie serrer, rendre raide était autrefois utilisé pour désigner la tension exercée sur les matériaux. Dans les années 60 et grâce aux travaux de Hans Selye il est utilisé pour désigner l'ensemble des réactions d'un organisme face à son environnement. Et vous comprendrez bien que ces réactions seront plus ou moins fortes, plus ou moins bénéfiques, plus ou moins néfaste selon la perception qu'a la personne de son environnement. C'est un mécanisme physiologique.


Nous employons le mot stress aujourd'hui pour désigner notre état interne "je me sens stressé" ou pour désigner la source "mes parents me stressent", les embouteillages, l'école, etc...


Ce mécanisme physiologique passe par 3 phases :

- Phase d'alarme durant laquelle le corps se met en alerte et le cerveau envoie l'adrénaline pour nous préparer à l'action physique (fuite, combat, immobilisation).

- Phase de résistance lorsque le cortisol est produit, toujours sur ordre du cerveau, et va nous permettre d'endurer la situation, ne rien lâcher, continuer à fuir, combattre, ou s'immobiliser ou changer de tactique. Bref on continue à agir pour s'adapter.

S'il est positif, nous restons motivés pour finir un dossier, claxonner le malotrus (ça peut être amusant dans le brouhaha général, comme une petite musique d'ambiance, non?), re-re-re-redemander calmement à son enfant de ranger sa chambre, faire son exposé sur les dinosaures en cherchant toutes les infos nécessaires, puis découper, coller, écrire, dessiner, etc... Je vais bien, tout va bien, motivé plus que jamais, créatif, je suis dans le flow.

Il peut être négatif et mal vécu, source de douleur(s) physique(s) et/ou mentale(s), mais nous continuons notre lutte, notre fuite, notre immobilisme malgré l'envie que ça s'arrête.

Il se peut également que l'adrénaline et le cortisol soient sécrétés en trop grande quantité. L'adrénaline (qui met en mouvement) à forte dose ou de façon répétée rend angoissé ou déclenche de fortes colères, le corps entre en hyper vigilance, prêt à tout moment, en tout lieu en toute situation à attaquer, fuir, ou se replier sur soi, sans que ce soit forcément adapté.

Trop de cortisol (qui maintient la vitesse) provoque des troubles de l'humeur, de la fatigue, des difficultés de concentration ou de mémorisation, des difficultés d'endormissement, etc., etc...

- Phase d'épuisement. Si le stress est négatif, s'il persiste, s'il est revenu comme hier, avant hier, et tous les jours de la semaine, c'est à dire s'il est récurrent, OU, bien qu'il soit positif, s'il dure depuis bien trop longtemps, l'organisme finit par s'épuiser, les défenses par s'effondrer et le stress devient "dépassé". Peuvent alors survenir des symptômes plus lourds ou chroniques, des maladies, voire le burn-out (et il ne fait pas croire que cela n'arrive qu'aux adultes cadres supérieurs cinquantenaire).


Les signes de stress chez votre enfant


Nous les avons vus déjà un peu plus haut, le stress est une réponse physiologique : le cœur s'accélère pour envoyer de l'oxygène rapidement au cerveau et aux muscles, les sens sont sont en éveil +++, il y aura des tensions dans le corps au niveau des muscles pour fuir ou combattre, les poils se hérissent, jusque là tout va bien.

D'autres signes plus forts comme la sudation excessive, la voix qui monte ou la gorge qui se serre peuvent être plus dérangeants et amener encore plus de stress et ça devient difficile à gérer.

Les premiers signes ne sont pas "graves" en soi, tout dépend de leur impacte et de la durée du stress. Mais il est important, si cela est encore faisable, de pouvoir agir dessus et aider votre enfant à gérer son stress, grâce à des petites techniques simples que nous verrons plus loin.


A long terme, le stress peut avoir des conséquences aggravées s'il n'est pas pris en charge. Loin de moi l'envie de vous faire peur mais il est primordial de prendre cette information en compte et agir (de façon adaptée :)).


Les conséquences vont toucher de nombreuses sphères:


- Somatique : fatigue excessive, problèmes dermatologiques, palpitations, vertiges, maux de tête, maux de ventre, vomissements, ...


- Psychique et comportementale : perte de confiance et d'estime de soi, anxiété, agressivité, perte de l'envie de jouer, inhibition, isolement, se ronge les ongles, des tics bénins peuvent apparaitre. Pour les plus grands et les adultes (en plus) : recours aux substances, comportements à risque pour soi et les autres, attitude négative envers soi-même, ses proches, l'école, les profs, le travail... Pour tous, une dépendance au stress.


- Emotionnelle : trouble de l’humeur, sensibilité exacerbée, crises de colère, larmes, état dépressif, angoisses...


- Cognitive : perte de mémoire, difficulté de concentration, difficulté de lecture, syndrome de la page blanche, difficultés à restituer, troubles des apprentissages.


- Physiologique : le corps s'épuise, les défenses s'effondrent, le système immunitaire en pâtit, des maladies chroniques voire auto-immunes peuvent se déclarer.


Les sources de stress chez votre enfant


Maintenant peut-être vous vous rendez compte que vous-même ou votre enfant subissez du stress et vous voulez agir. Mais qu'est-ce qui stresse tant nos enfants ? Sont-ils plus stressés qu'avant ou c'est simplement qu'on en parle plus ? Ou sont-ils plus fragiles ? Si si j'ai déjà entendu ça.


En premier lieu il y a les stress majeurs comme les maltraitances physiques, morales ou affectives qui sont extrêmes et ont de graves conséquences, vous l'aurez compris.

D'autres stress quotidiens, qui pris au cas par cas n'ont rien de dramatiques et auxquels on ne pense pas forcement sont à prendre en compte s'ils sont répétés quotidiennement ou associés :


- Les injonctions quotidiennes familiales ou à l'école, parfois contradictoires :/ : "mange", "finis ton assiette", "dépêche-toi", "cours pas", "range ta chambre", "sors de ta chambre", "écris bien", "découpe droit", "bouge pas", "mais bouge-toi!!", "reste calme", "réponds quand on te pose une question", "réponds pas quand je te gronde", "regarde-moi", "baisse les yeux"...


- Les problèmes familiaux : séparation, maladie, disputes, les problèmes des adultes en général qui contribuent à augmenter le stress des enfants et parfois les empêche de s'exprimer sur leur propres difficultés ou inquiétudes. Bin oui, vu de l'enfant ça a l'air bien plus grave et parfois le parent n'est pas très disposé à écouter.


- La vie de famille au quotidien : un déménagement, un nouveau petit frère, mamie qui s'en va, Pépère le chat qui rejoint mamie, les activités et loisirs qui font se lever tôt le matin, les règles de vie à la maison, la douche, le brossage de dents, les brocolis, etc...


- La surstimulation : qui ne permet pas à l'enfant de "redescendre" de son stress. Trop d'écrans (télé, téléphones, tablettes, ordi), trop d'activités hors école (enfants avec agendas de ministre), trop d'apprentissages (devoirs supplémentaires, cours supplémentaires de langues, de musique, de dessin, etc...), pas assez de moments calme et d'ennui.


- Les problèmes et émotions des autres : les stress et les émotions désagréables se transmettent très facilement ! Si un parent ou autre adulte a peur, l'enfant a peur. A la rentrée des tous petits, on voit beaucoup d'enfants aller tranquillement à l'école, et le fait de voir le copain pleurer, crier, s'agripper au grillage en suppliant papa et maman de pas l'abandonner, se met à pleurer, crier, s'agripper au grillage.


- Les informations, le contexte environnemental, social : la télévision, la radio, internet regorgent d'infos qui angoissent les enfants. Les enfants ont des yeux et des oreilles ! Et même si "de toute façon ils ne comprennent pas", justement ! Il ne comprennent pas donc ils sont encore davantage angoissés et stressés. Ils en parlent entre eux, comme ils peuvent, en déformant encore plus la réalité et alimentant leur stress premier.


- Les soucis avec les copains, les copines, les relations. Pour les adultes les disputes n'ont pas forcément d'importance, mais tout est différent selon les points de vue. Pour les enfants, un problème de triche au jeu de bille est hyper important, la best friend qui s'est rangée avec une autre c'est pareil, chez les ados les relations amoureuses (siiiii, ils en ont) sont d'autant plus importantes à leurs yeux, parce qu'ils ont le sentiment, après une rupture par exemple, que jamais plus il trouverons un amoureux ou une amoureuse et qu'ils finiront leur vie seul avec un chat.

Autres sujets récurrents : La comparaison, la place sociale, comment se faire un copain, intégrer un groupe, échapper au harcèlement et aux violences.


- La performance et enjeux de réussite. A l'école, en sport, il y a la notion de performance. Elle est omniprésente et peu provoquer un grand stress, d'autant plus si l'enfant est, par exemple, timide, introverti, peu confiant en ses capacités. Ce qui amène aussi à la comparaison : "je suis nul(le)", "pas normal(e)", etc...

Les parents sont inquiets pour la réussite scolaire de leurs enfants, les enfants deviennent inquiets pour leur futur.


- Très spécifique celui-ci, les étiquettes : "t'est nul", "t'es intelligent" et autres qui rejoignent certains stress précédemment cités. On pourrait croire aider/rassurer/faire plaisir à son enfant en lui disant avec la plus grande conviction et par le plus grand des élan d'amour qu'il est beau et intelligent. Et bien, répété à tout va et par plusieurs personnes, ces étiquettes peuvent faire entrer l'enfant dans un stress de performance selon les critères énoncés. J'ai entendu une jeune enfant me dire "J'ai peur de pas réussite car jusque là j'ai toujours été première et les autres me disent que je suis la plus intelligente". WoW ! Quelle pression !

Concernant des étiquettes moins positives existent comme "t'es nul", "t'es dissipé", "perturbateur", et comme le disait si bien Marshall Rosenberg, papa de la communication non violente (CNV) : "les étiquettes sont des prophéties autoréalisatrices", c'est à dire que des comportements vont se voir auto-renforcés par ces étiquettes. A quoi bon être sage puisque de toute manière, quoi que je fasse, je suis LE perturbateur de la classe?


- L'éducation scolaire ou familiale par la peur et la pression : soumission, punition, cris, menaces, chantage affectif, châtiments corporels, pression sur le Père-Noël, etc...


- Plus personnel : la croissance, le corps qui change, les questions existentielles, les hormones, les douleurs de croissance, les cauchemars horribles, la "crise" de l'adolescence qui promet d'horribles souffrances, la sensibilité propre à chacun, etc...


- Et enfin la prédisposition génétique. Nous ne sommes pas tous égaux face au stress par nature pourtant cela ne condamne pas un enfant naturellement anxieux à l'être définitivement. Heureusement ! Un environnement calme et serein l'aidera à mieux gérer son stress. Inversement, un enfant naturellement calme peut devenir anxieux très rapidement dans un environnement stressant.


Quel rapport entre le stress et les apprentissages ?


Le lien entre le stress et l'apprentissage chez les enfants, les ados (et les adultes) est une sujet d'une grande importance. Le stress peut avoir un impact significatif sur la capacité d'un enfant à apprendre et à se développer.


En cas de danger, réel ou ressenti (le déclencheur), notre cerveau le plus primaire, le reptilien va se mettre en alerte maximum et tous les circuits de réflexion vont être coupés, surtout si une telle situation à déjà été éprouvée et qu'il en a résulté des blessures physiques ou mentales (ce qu'on appelle les traumas), c'est à dire si la personne n'avait pas les moyens et outils pour dépasser l'obstacle. L'important est de survivre, c'est tout.

En cas de stress chronique ou de grand stress, le cerveau sera occupé à s'adapter, à envoyer au corps ce qu'il faut pour le surmonter.

D'autant plus que jusqu'à 7 ans environ, les enfants ont un cerveau immature, incapable le plus souvent de gérer le flux de stress et d'émotions, arrivant comme un tsunami, auquel il faut survivre, donc incapable physiologiquement de s'apaiser et raisonner face à une grosse émotion et un gros stress.


Aider son enfant à faire face au stress


1) L'écoute active. Prenez le temps d'écouter votre enfant, faites-lui raconter sa journée, exprimer ce qu'il a ressenti...


2) Encourager l'expression émotionnelle. Les enfants ont besoin d'un espace sûr pour exprimer leurs émotions.


3) Au quotidien, répertoriez tous les stresseurs auxquels est soumis votre enfant, et aménagez ce qu'il faut pour limiter le stress voire le supprimer : se réveiller 10 min plus tôt pour avoir plus de temps, travailler sur son propre stress et ses problématiques, limiter les injonctions ou être plus cohérent et précis dans ses demandes, garder son caaaaalme au maximum ! Parlez aux enseignants de ce que vit votre enfant, etc...


4) S'il angoisse, s'énerve et a du mal à se calmer, par exemple lors de devoirs de maths, son cerveau est en alerte maximale de défense ou de survie. Laissez tomber l'exercice et proposez-lui de faire une pause pour décompresser comme jouer à un jeu avec lui, faire un exercice de respiration, de sophrologie, de Brain gym, d'EFT...

Puis revenez sur l'exercice et miracle ! Les neurones sont rebranchés, sinon relisez bien les instructions avec lui, proposez votre aide pour son raisonnement (selon ses cours, pas ceux de votre enfance). La réalisation de l'exercice va lui créer des souvenirs positifs pour le prochain de voir et son cerveau prendra plus le temps de la réflexion que de l'alerte générale.


Bien évidemment il est nécessaire qu'il ait appris les outils de sophrologie, EFT, brain gym en amont, car sur le moment, son cerveau n'est pas disponible, rappelez plus tard. Au mieux il ressentira que, vous, vous restez calme et il pourra plus facilement se calmer. Baissez-vous à son niveau, faites en sorte qu'il vous regarde dans les yeux (sans le brusquer) et respirez calmement et profondément en exagérant le son et le mouvement pour qu'il se focalise dessus.


5) La pratique quotidienne de sophrologie, EFT, cohérence cardiaque pour gérer son stress et réguler ses émotions au quotidien. Ces outils sont très performants et simples à apprendre. Consultez cette page pour les enfants et cette page pour les adolescents pour en savoir plus sur les accompagnements, surtout lorsque le stress est présent depuis un moment et/ou que les conséquences se font contraignantes.


6) Les 5 langages d'amour sont une bonne source pour combler votre enfant de bien-être et de bonheur au quotidien: les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus, les paroles valorisantes, le toucher. Le livre sur les langes de l'amour vous donnera les clés pour trouver à quel langage votre enfant est le plus réceptif. L'amour ressenti, le vrai, sans contrainte, est un super carburant anti stress et booster pour les apprentissages.


7) Lui permettre de se défouler, après l'école, la pratique d'un sport, d'un art, le contact avec la nature sont d'excellents réducteurs naturels de stress. Trouver un équilibre entre les activités académiques et les loisirs permet d'éviter une pression excessive et permanente sur les enfants. La réduction de la pression scolaire et l'encouragement des activités créatives et ludiques peuvent favoriser un apprentissage plus serein.


8) Modéliser la gestion du stress. En tant qu'adultes, nous avons un rôle important à jouer: être le modèle pour nos enfants. Nul n'est parfait ! Et tant mieux ! Ne soyez pas l'incarnation de l'adulte / parent serein h24, philosophe et de bon conseil, maîtrisant parfaitement son étal interne, tel le Dalaï-Lama. Non. L'erreur est un bon enseignement. Montrez plutôt que le stress n'est pas une fatalité et qu'apprendre reconnaître et gérer son stress au quotidien permet de traverser bien des situations.


En prenant en compte les effets du stress sur l'apprentissage des enfants et en adoptant des approches de gestion du stress adaptées à leur âge, nous pouvons contribuer à créer un environnement où ils peuvent s'épanouir académiquement et émotionnellement. L'objetif ultime est d'offrir aux enfants les outils dont ils ont besoin pour réussir, grandir, tout en cultivant leur bien-être mental et émotionnel, quelles que soient les étapes.



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