Craquage nerveux, épuisement, souffrance psychologique, émotionnelle et physique... Les signes sont là et on ne sait pas toujours ce qu'il se passe et comment faire avec ce fléau qui n'est pas si nouveau mais que l'on prend davantage en considération ces dernières années : le burn-out.
Plus connu dans le monde professionnel, le burn-out a la même définition qu'il soit vécu dans le monde du travail, dans sa vie parentale, familiale, d'aidant ou pour un enfant : c'est un épuisement psychique, physique ET émotionnel. Seuls les facteurs, les manifestations et les conséquences diffèrent (légèrement), l'accompagnement également. Quoi que la première chose à faire lorsqu'un adulte ou un enfant déclare un burn-out, c'est de tout stopper.
Qu'est-ce que le Burn-out ?
Le burn-out c'est un épuisement total et profond des ressources du corps (physique), des capacités psychiques (mental) et des capacités à réguler ses émotions (émotionnel).
C'est comme un court-circuit de l'être, qui disjoncte pour éviter le pire, la personne en a trop fait, trop subi, trop longtemps : travail, stress, pression... Cela peut arriver à tout moment, voire même après des années de stress chronique.
Les signes du burn-out lorsqu'il se déclare sont multiples et leur intensité varie d'une personne à une autre :
Fatigue intense que même plusieurs nuits de sommeil ne permettent de récupérer)
Douleurs intenses, violentes et soudaines dans certaines parties du corps
Impossibilité de se lever, marcher (dans un premier temps)
Sommeil agité voire impossible
Anxiété, crises de panique
Impossibilité de pense, mémoriser, se concentrer, lire
Sentiment d'être complètement submergé
Pourquoi ? Parce que le corps (notamment les surrénales), soumis au stress depuis trop longtemps et certainement trop intensément, ne peut plus continuer à assurer la production d'adrénaline et/ou de cortisol qui permettait d'endurer le stress et de tenir dans le temps.
Heureusement, des signes avant coureurs permettent de prévenir cet effondrement. Même si le burn-out se déclare d'un coup, il est possible de ne pas en arriver là.
Les 2 phases du pré burn-out
En lien avec les phases du stress de Hans Selye, le burn-out est une conséquence du stress chronique aigu, intense et prolongé dans le temps.
Phase 1 en pré burn-out : Nous sommes en phase d'alerte dans le stress classique, la personne se met en mode sur-engagement. Cela n'est pas forcement négatif mais le corps travaille et met en place des actions pour que la situation soit supportable et que le bien-être revienne. L'adrénaline entre en action, elle nous permet d'agir, de nous motiver à résoudre la problématique, à faire face à cet environnement perturbé.
C'est le mode de fonctionnement normal du corps pour rétablir l'équilibre.
Le problème est que si le corps est soumis non-stop au stress (même positif), il produit non-stop et s'épuise lentement.
Les signes extérieurs : la personne est super occupée, a beaucoup de travail, elle se réveille tôt avec le cerveau déjà en ébullition, se sent super boostée et consomme de nombreuses tasses de café ou des snack pour tenir la journée. Des vacances ? Non, ce n'est pas le moment ou alors avec l'ordinateur et le portable à portée de main.
Phase 2 en pré burn-out : Nous entrons dans la phase dite de résistance. La personne s'acharne et s'accroche ! Elle sent bien que c'est pas si facile mais ne se rend pas vraiment compte de son état véritable. Merci le cortisol !
Pour tenir le choc le corps (toujours les surrénales) produit du cortisol, en plus de l'adrénaline. Le cortisol permet de tenir dans le temps tout en masquant la fatigue réelle et les douleurs éventuelles qui apparaissent. Physiologiquement, le corps travaille non-stop et plus fortement pour revenir à l'équilibre.
Le stress devient chronique, cette situation peut durer les mois voire des années, avec un effet yoyo même après des vacances ou un arrêt de travail si il n'est pas considéré et pris en charge.
Les signes extérieurs : Les problèmes de concentration et de mémorisation apparaissent, la récupération de la fatigue physique est plus difficile, le sommeil est perturbé, la personne se sent plus irritable, énervée (ou alors on le lui fait remarquer), elle comment à se sentir submergée, anxieuse, voire en perte de motivation, donc accélère le pas pour garder le rythme. Certaines douleurs s'installent mais ne sont pas toujours vraiment remarquées ou reviennent régulièrement sans raison. Si la personne est sportive, il se peut qu'elle pratique d'avantage (voire beaucoup plus) pour se "vider la tête" ou se libérer du stress.
Il faut au moins 12 mois pour se remettre d'un burn-out
Les 6 premiers mois vont permettre de se reposer, d'être suivi par de multiples spécialistes pour un accompagnement complet (médecin, sophrologie, naturopathie, acuponcture ou soins énergétiques, psychothérapie, coaching), si aucun stress n'est subi.
Au bout de 6 mois, il peut être envisagé de franchir un pallier et de recommencer un temps partiel tout en continuant sa reconstruction.
Nos enfants seraient donc trop stressés ?
Oui ! Et leurs facteurs de stress sont nombreux, divers et similaires aux adultes finalement... mais avec les ressources et capacités de base d'un enfant : par exemple, émotionnellement, le cerveau d'un enfant n'est pas assez mature pour réguler efficacement le flux émotionnel, physiquement, un enfant a une fatigabilité plus grande par rapport à un adulte (si, si!) et doit récupérer plus longtemps la nuit.
Pour vous citer quelques uns des facteurs de stress :
Pression scolaire : Avoir les meilleurs notes, pour faire de bonnes études et avoir un bon métier, être constamment dans la réussite, pas le droit à l'erreur, obéir et écouter sans bouger, les parcours d'excellence...
Pression familiale : Être dans la réussite scolaire constante, obéir parfaitement sans faire de bêtises (autoritarisme excessif), ou au contraire laxisme ou désinvestissement flagrant, manque d'attention, de présence ou encore de sécurité.
Pression sociale : Comparaison entre enfants par les enfants eux-mêmes ou par les adultes, comparaison des notes, des critères de beauté, d'intelligence, de performance, d'activités... L'angoisse du futur, l'injonction à faire et être comme tout le monde (voire meilleur).
Négation de personnalité : Impression d'être moyen voire nul à l'école alors qu'en réalité c'est le contraire, injonction à être constamment "adulte" pour les enfants dits précoces (mégamorphisme). Absence d'identité avec le trop plein de limites "il (ne) faut (pas)", "tu (ne) dois (pas)", j'insiste de manière excessive, sans porte ouverte à la réflexion (adaptée à l'âge et aux besoins de l'enfant).
Harcèlement : Que ce soit à l'école, dans la rue, à la maison, sur les réseaux sociaux.
Agenda de ministre : Avoir de multiples activités extrascolaire sportives, artistiques, musicales, éducatives, etc... et être bon en tout.
Contexte familial : Parfois le contexte familiale est complexe et difficile à vivre que cela ajoute un poids supplémentaire ou une absence de ressources : séparation, décès, maladie, conflits, non réponse aux besoins physiologiques de base...
Contextes sociaux et environnementaux : guerres et conflits, pollution de l'air et de l'eau, produits chimiques dans la nourriture, déforestation, dangers dans la rue...
Incompréhension générale : Des règles parfois contradictoires des adultes, du système, du monde, de la vie...
Les facteurs personnels aggravants
Bien évidemment chaque enfant est différent, chaque enfant a une sensibilité qui lui est propre, et chaque enfant percevra son environnement avec plus ou moins de stress ou saura plus ou moins s'adapter à son environnement.
Cependant certains "profils" dans les traits de caractères pourraient amener l'enfant à être davantage à risque au burn-out si de nombreux facteurs cités plus haut sont vécus au quotidien :
Les "hyper" sensibles, attentionnés, passionnés
Ceux qui ont un besoin excessif de comprendre ou ont besoin de sens
Les enfants qui sont constamment en mouvement, qui ont besoin de bouger
Les hauts potentiels intellectuels et émotionnels
Les enfants de nature déjà très anxieuse
Comment je peux repérer les signes avant coureurs pour mon enfant ?
Un enfant ne réagira pas comme un adulte, il n'aura pas la même conscience de ses actes, pas la même capacité à "gérer" le stress, et parfois aura un comportement démesuré ou des tentatives désespérées pour appeler à l'aide.
Dans un premier temps, ce qui peut alerter :
Perte d'efficacité malgré un travail acharné
Difficulté d'apprentissages, de concentration, de mémorisation inhabituelles
Perte d'énergie, de motivation
Perte de sommeil, fatigue malgré l'envie
Réactions émotionnelles exacerbées, crises d'angoisse ou de pleurs disproportionnés
Distanciation avec la famille, les amis
Douleurs et symptômes à répétition : maux de ventre, maux de tête, vomissements
Ce qui doit absolument alarmer : Changement de comportement et tentatives désespérées : harcèlement, fugue, auto-sabotage, mise en danger de soi ou des autres...
Que faire ? Parlez-en à votre médecin, un psychologue, un pédopsychiatre (de préférence informé et sensibilisé au burn-out). Dirigez-vous également vers les accompagnements comme la sophrologie.
Ensuite, accompagnez au mieux votre enfants suivant les recommandations médicales mais aussi en prenant la responsabilité d'être avec lui dans sa reconstruction, sans culpabilité des deux côtés, pour lui (re)donner confiance, lui faire (re)trouver un sens à sa vie, le laisser souffler et se reposer, être à l'écoute de ses questionnements mais aussi des vôtres. Soyez surtout indulgent avec votre enfant et aussi avec vous-même, même si vous observez une part de responsabilité dans ce qui lui arrive.
Enfin, n'hésitez pas à partager avec l'équipe scolaire : enseignants, professeurs, directeur(trice), infirmière, psychologue scolaire
Les mots d'ordre : SE POSER, PARTAGER, SE (RE)CONSTRUIRE
Sources et ressources :
Florence Parot : Bulle de repos, formation pour sophrologues
Béatrice Millêtre : "Le burn-out des enfants"
Papa Positive "Outils, astuces, conseils pour une éducation consciente et positive"
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